La faute à RDS

Il existe deux grandes familles de fans du Canadien. La première, les purs et durs, et la seconde, les occasionnels. Les premiers ont souvent tendances à regarder les seconds de haut, comme s’ils étaient des citoyens de deuxième ordre – la classe moyenne disons; la plèbe étant les non-fans – parce qu’ils estiment que ces derniers n’affichent leurs couleurs que lorsque les choses vont bien. On peut les comprendre, être un pur et dur n’est pas toujours de tout repos, particulièrement ces derniers 15 ans. Néanmoins, les purs et durs tolèrent volontiers la présence des occasionnels, notamment parce que ces derniers peuvent devenir très utiles lorsque l’enjeu s’élève. En effet, les purs et durs aiment pouvoir compter sur la présence des occasionnels pour grossir leurs rangs lorsque la situation l’exige.

Devenir un pur et dur ne se fait pas du jour au lendemain. Ça prend du temps, et souvent au prix de bien des souffrances. C’est un apprentissage. Mais lorsqu’on le devient, généralement, c’est pour la vie.

À quoi reconnaît-on un pur et dur? Simple. D’abord, il ne décroche pas lorsque les choses vont mal. Ça ne veut pas dire qu’il rayonne constamment de positivisme (il n’est quand même pas aveugle), ça veut simplement dire qu’il vit, grandit, souffre et meurt avec son club. Par exemple, au tournant des années 2000, je peux vous garantir que le Canadien n’était pas un sujet très à la mode et que les jolies filles qui tripaient CH étaient encore plus rares que les Chinois parlant le suédois. Ce fut une période très sombre pour le pur et dur, une véritable traversée du désert.

Le pur et dur ne prend pas pour une autre équipe lorsque ça va mal ou parce qu’une autre équipe est plus cool que la sienne (j’en vise ici une couple à mon école secondaire qui avaient jadis switché pour les Penguins en 92-93, évidemment jusqu’à ce que les Habs gagnent la Coupe cette année-là). Par contre, il peut prendre contre son équipe si c’est pour le bien de l’équipe, par exemple pour obtenir la tête d’un entraineur ou le premier choix au repêchage.

Ensuite, être un pur et dur n’a rien, mais RIEN à voir avec le fait de porter un jersey du CH ou de se peinturer la face, ce ne sont que des déguisements et un occasionnel pourrait facilement en faire autant. Méfiez-vous.

Non, on reconnaît le pur et dur à son comportement lors des matchs, qu’il soit au Centre Bell, dans un bar ou dans son salon. Le pur et dur sait se tenir. Il connaît son équipe, il a vu neiger. Il sait qu’il ne doit jamais chanter Ohé Ohé Ohé ou Na Na Na alors que la partie n’est pas ABSOLUMENT hors de portée pour l’adversaire. Ici, je citerai en exemple les imbéciles du bar où j’étais, qui chantaient Ohé Ohé Ohé après le but de Moore contre Washington alors qu’il restait encore près de 4 minutes au cadran. J’étais debout sur ma chaise en train de les engueuler (histoire vraie) lorsque Washington a réduit l’écart une minute plus tard. Bien fait pour leur gueule. Ne jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, surtout si c’est l’Ours russe.

Car, et c’est là le comportement le plus important, le pur et dur NE JINX JAMAIS son équipe. Il sait qu’il a trop à perdre, il l’a déjà vécu. Au contraire, il tente par tous les moyens d’influencer positivement le cours d’un match en portant son t-shirt chanceux, en s’assoyant toujours à la même place (si cette place lui a déjà procuré une victoire) et en ne changeant pas de boxeur tant que le CH n’est pas éliminé (dans le cas des extrémistes). C’est son rôle en tant que 7e ou 8e joueur (le 7e étant au Centre Bell, le 8e devant une télé).

C’est pour ça que les autopromos de RDS de samedi soir étaient de véritables claques au visage de tous les fans purs et durs. Imaginez, la station officielle du Canadien, qui est en partie propriétaire de l’équipe, diffusant des autopromos où l’on dit : «Soyez des nôtres dès 19h lundi soir alors que le Canadien n’est plus qu’à UNE victoire d’éliminer les Penguins». UNE VICTOIRE!!

Je ne pouvais en croire mes oreilles, RDS qui nous martelait à répétition tout au long du match que le CH avait déjà gagné la cinquième partie avant même qu’elle soit terminée. Alors que le CH tirait de l’arrière. Voyons calvaire! Même ma copine qui n’est même pas une occasionnelle sait que ça ne se fait pas! Et une chance qu’elle était là sinon j’aurais été certain d’avoir fait un bad trip de chips au ketchup.

Inutile de vous dire à quel point j’ai compris ce soir-là que le CH n’avait aucune chance de battre Pittsburgh. Ball Game. Game over. See you next year.

Alors, vous pouvez blâmer les arbitres, le manque d’attaque, les blessures ou la malchance si vous voulez, moi je blâme RBS pour cette défaite. Pire, je les blâme pour l’élimination du Canadien. Oui, vous avez bien lu. Au même titre que les caves de chez RBS nous garantissaient une victoire du CH lors du cinquième match, moi je vous garantis leur élimination.

Dommage pour cette petite équipe courageuse qui a dû surmonter les pires obstacles pour tenter de venir à bout d’adversaires plus puissants qu’elle. Les joueurs auront tout donné jusqu’à la fin, et pour ça, nous ne les oublierons pas, surtout les Halak, Cammalleri, Gionta, Gill et Gorges, mais en fin de compte, ils auront affronté des forces qui vont au-delà de l’effort et de la douleur. Ils se seront battus contre toute une station de télé qui les aura maudits devant les Dieux du sport, au grand malheur de leurs fans pur et durs.

Maxime Paiement

Critique sportif

PS : Désolé pour ce texte défaitisme, mais je tente désespérément d’appliquer un ultime anti-jinx au jinx de RBS. On en aura grand besoin pour le match de ce soir.

1 Réponse to “La faute à RDS”


  1. 1 Martin 11 Mai 2010 à 6 h 58 mi

    Eh bien, ça a fonctionné, finalement…


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