Le USS Hal Gill, Jacques Martin et les fanions du Canadien

Les Capitals vont probablement éliminer le Canadien lors du prochain match. Mais gagne ou perd ce soir, on peut désormais affirmer sans se tromper que cette édition du CH n’a définitivement rien à voir avec la tristement célèbre édition 2008-2009. Jamais l’équipe de l’an passé ne se serait battue avec l’énergie du désespoir comme la courageuse équipe que j’ai vu jouer vendredi soir.

Cette équipe est loin d’être parfaite, mais ce qu’elle m’ont montré depuis le début de cette série, et tout particulièrement lors du dernier match, m’a permis de faire «la paix» avec cette saison en montagne russe. Mieux encore, de me réconcilier avec certains joueurs, à commencer par le USS Hal Gill.

Avant le début de la saison, je connaissais relativement peu le USS Hal Gill. Par le passé, j’avais souvent vu les joueurs du CH le battre de vitesse et le faire mal paraître. De plus, comme j’ai suivi la marche des Penguins vers la Coupe Stanley au printemps dernier, j’avais une assez bonne idée de ses limitations. Même que rendu au 7e match de la finale, étant donné que je prenais ouvertement pour Pittsburgh, j’étais absolument terrifié chaque fois que le USS Hal Gill était sur la glace. Inutile de vous dire à quel point sa venue avec le CH cette année m’enchantait autant qu’un Q-tips dans mon urètre (iiiiiiish!).

Tout au long de la saison, je me suis servi du USS Hal Gill comme bouc émissaire pour les hauts et les bas du Canadien. En fait, depuis que j’ai commencé cette page en octobre dernier, je ne crois pas avoir été une seule fois «gentil» avec le USS Hal Gill. Horripilé par sa lenteur et par son incapacité à sortir la rondelle de sa zone, j’étais à peine capable de lui reconnaître ses rares qualités (spécialiste en désavantage, bonne présence dans la chambre). À mes yeux, il incarnait à lui seul tous les défauts de la brigade défensive montréalaise.

Depuis le début des séries, comme tout le monde, je découvre un nouveau USS Hal Gill. En plus d’exceller en désavantage numérique, il bloque une tonne de tirs (20 en 5 matchs; il mène d’ailleurs la ligue à ce chapitre), il nettoie le devant du filet et trouve le moyen de neutraliser les gros canons des Caps. Soir après soir, il est constamment l’un des deux ou trois meilleurs défenseurs du CH. Or, ce que je n’avais pas compris jusqu’ici, ce que je n’avais pas saisi dans son jeu, c’est que le USS Hal Gill que l’on voit depuis le début des séries ne pourrait jamais maintenir ce rythme pendant les 82 matchs que durent la saison régulière. Si c’était le cas, il n’en resterait plus grand-chose une fois les séries commencées. Le gros bonhomme nous avait caché qu’il avait une autre gear dans son jeu, une gear spécialement réservée pour les séries. (Petit cachotier va!)

Suite à son chef-d’œuvre de vendredi, je m’étais même promis de cesser de l’appeler le USS Hal Gill d’ici la fin des séries, mais comme je ne peux me résigner à abandonner cet excellent surnom (qui n’est pas de moi, soit dit en passant), j’ai décidé que ce serait le USS Hal Gill jusqu’à la mort. Par contre, désormais, il ne sera plus le USS Hal Gill à cause de sa taille et de sa légendaire lenteur, mais parce qu’en ce moment, ce gentil géant représente souvent la dernière ligne de défense du Canadien.

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Il n’y a pas que le USS Hal Gill qui a connu son meilleur match de l’année vendredi soir, le toujours trépidant coach Jacques Martin aussi (même son horrible cravate a connu un fort match).

La performance de Martin lors du cinquième match est l’une des meilleures qu’il m’a été donné de voir par un entraineur du Canadien. Même si je continue de penser que Martin n’est pas le bon coach pour cette équipe, personne n’aurait pu faire mieux lors du dernier match. L’équipe était bien préparée, motivée, mais surtout bien dirigée. Tout le monde retiendra sa décision de placer Moen sur le 1er trio, mais personnellement, j’ai été davantage impressionné par la façon avec laquelle il a géré son banc. Son utilisation de ses défenseurs ne fut rien de moins que magistral. Bergeron et Hamrlik n’ont cessé de couler le CH depuis le début de la série, conclusion : il l’est a laissé sur le banc pour la troisième. De notre salon, ça peut nous sembler une évidence, mais dans le feu de l’action, ça demande de la maîtrise et du cran.

Tout au long du match, même si c’était Boudreau qui bénéficiait du dernier changement, c’est Martin qui a eu le dernier mot. Évidemment, si un coach vit et meurt avec son gardien, et on peut dire que Halak lui a sauvé la peau à une couple de reprises lors du dernier match, ça ne change rien au fait que Martin a coaché une sacrée game. Pour paraphraser un poète bien connu : chapeau Jacques, chapeau!

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Depuis quelques jours, j’entends constamment à la radio, à la télé, dans des soupers, que le la fièvre du hockey n’est pas aussi forte à Montréal que l’an passé ou l’autre année d’avant. Ce qui me fait rire à chaque fois, c’est que ces grands spécialistes de la prise de température de la partisanerie se servent toujours du nombre réduit de petits fanions qui flottent aux fenêtres des voitures. Je peux vous partager ma théorie à ce sujet? Oui!? Merveilleux.

Ces petits fanions ont fait leur apparition à Montréal suite au Mondial 2006. Ce n’est que deux ans plus tard, lors de l’incroyable saison 2007-2008 du CH, qu’ils sont réellement devenus à la mode. On en voyait alors sur pratiquement une voiture sur deux. Mais vous savez ce qu’il a de particulier avec les modes? Elles se démodent. C’est con, hein? Déjà que le petit drapeau était un peu quétaine au départ (sympa, mais quétaine), il ne faut donc pas se surprendre que 2 ans plus tard, on n’en voit de moins en moins.

Non, je peux vous assurer que la fièvre des séries est au moins aussi vivante que l’an passé. Spécialement l’an passé. Rappelez-vous, le Canadien était dans un état lamentable il y a un an et les Bruins n’avaient eu aucun mal à les écarter en 4 petits matchs. Vous ne me ferez pas accroire que les gens aimaient davantage cette équipe-là que notre courageuse et sympathique bande de joyeux drilles de cette année. On verra bien ce soir, lors du 6e match à Montréal, si la fièvre des séries est pognée en ville ou pas.

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Je me doutais bien que le Canadien avait encore un autre match de 2-1 dans ses tripes avant de disparaître jusqu’en octobre prochain. Je croyais qu’il serait survenu un match plus tôt, mais je suis néanmoins bien content que nos favoris aient réussi à prolonger cette série un peu plus.

À chaque nouvelle partie, j’en apprends davantage sur cette équipe que je ne connaissais que très peu en début de saison. Après tout, si ce n’était des playoffs, jamais je n’aurais fini par apprécier Jacques Martin et le USS Hal Gill à leur juste valeur. À l’inverse, probablement que je me bercerais encore d’illusions à propos de Price, Hamrlik et Bergeron. J’imagine que c’est pour ça que les vieux de la vieille disent toujours que c’est dans l’adversité que l’on reconnaît les vrais. (Les vrais quoi!? Les vrais rideaux de douche!? J’exige plus de précisions. Tout ce que je sais, c’est que jadis, Molson les saluait, les vrais.)

Grâce aux efforts incroyables des joueurs et au brillant coaching de Jacques Martin lors du cinquième match, nous aurons droit à une sixième partie. Une partie à Montréal de surcroit. Que demander de mieux!? Après tout, c’est pour ça que l’on sue sang et eau pour cette équipe. Parce qu’on l’aime inconditionnellement (malgré toutes les frustrations qu’elle peut nous faire vivre), mais surtout parce qu’on finit toujours par s’attacher à ses membres, quand bien même on aurait passé 82 matchs à sacrer après eux.

Bonne game à tous ce soir, et puisse le CH nous offrir encore une autre partie de plus!

Maxime Paiement

Critique sportif

1 Réponse to “Le USS Hal Gill, Jacques Martin et les fanions du Canadien”


  1. 1 Meowth 26 avril 2010 à 13 h 29 mi

    Mon garçon, ma fille et moi-même (qui ne sommes pas des partisans du CH) savons tout de même apprécier quelques joueurs.

    L’USS Hal Gill fait partie de ceux là depuis le début de la saison. Nous aimons tout particulièrement son style « crapeau » devant le filet à 4 vs 5. Tellement que nous en avons fait une spécialité quand nous jouons à NHL 2k7.

    Nous apprécions malgré tout MAB. Ce n’est sûrement pas pour sa défensive (maudit qu’il est poche!!!). Nous l’avons affectueusement appelé « crampon » pour ça. Nous l’apprécions plutôt pour sa bine de la ligne bleu. Quel tir mais surtout quel précision! Ça nous rappelle un peu la super star (!?!) qu’était Sheldon.

    En terminant, une petite suggestion pour le CH ce soir. Vous êtes meilleur sur la route alors jouer en blanc.


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