Comme je le disais plus tôt, c’est votre jour de chance aujourd’hui étant donné que je vous offre deux chroniques pour le prix d’une seule. Donc, dans un premier temps, nous avons passé en revue les 5 raisons qui me font croire que le CH peut surprendre les Capitals en 6. Maintenant, il est temps de nous pencher sur les 6 raisons qui me font penser que les Capitals vont aisément sortir le Canadien en 5 :
1- Jacques Martin
Pouvez-vous m’expliquer comment il se fait qu’un entraîneur plutôt compétent, qui a effectué somme toute du bon boulot durant l’année, puisse représenter LE maillon faible d’une équipe? C’est étrange le hockey parfois, non?
Qu’on me comprenne bien, je ne suis pas en train de dire que Jacques Martin est un vieux con fini, aux trop grandes oreilles, qui fait les pires choix de cravate au monde… Je dis simplement que Jacques Martin est un vieil entraineur un peu dépassé, aux trop grandes oreilles, qui fait les pires choix de cravates au monde, et dont le style ne correspond absolument pas aux joueurs du CH. Nuance.
Maintenant qu’on l’a observé durant toute une saison, personne ne peut me convaincre que le «système» faussement hermétique que l’entraineur essaie d’inculquer aux CH fit parfaitement le groupe de joueurs qui lui a été confié. Je regrette, mais pour une équipe «défensive», le Canadien éprouve beaucoup trop de difficultés à sortir la rondelle de son territoire et commet énormément de revirements en zone neutre. Mais pourquoi en est-il ainsi?
J’ai l’impression que Jacques Martin est tellement obsédé par le jeu «sans la rondelle» qu’il oublie de parler des «passes de bâton à bâton» avec ses joueurs. À quoi ça sert de faire pratiquer ad nauseam le positionnement sur la glace quand tes joueurs ne sont même pas capables de compléter deux passes!? À chaque fois que les joueurs ont l’air de pee-wee sur la glace, c’est parce que leurs passes sont trop longues. C’est immanquable. Durant un match, c’est la faute aux joueurs. Pendant toute une saison? Ça devient la responsabilité de l’entraineur.
Note : Parlant de longues passes… La bombe au centre? Pu capable. Voulez-vous bien me dire c’est quoi l’idée de CONSTAMMENT tenter d’envoyer un coéquipier en échappé quand il n’y en a JAMAIS un qui marque lorsqu’il est seul contre le gardien!? On a la pire équipe de la ligue pour marquer sur un échappé et pourtant, les joueurs continuent d’essayer la bombe. Me semble que l’entraineur aurait dû intervenir dès le deuxième match à ce sujet, non?
Le Canadien, de par ses habilités individuelles, devrait être avant tout une équipe d’échecs avant soutenus et de possession de rondelle, un peu à l’image des Sabres ou des Predators. Beaucoup de passes courtes, beaucoup de vitesse et du jeu responsable dans son territoire. À la place, on a droit aux longues passes dans les patins et à du dumping de marde. Et pour cela, moi je blâme l’entraineur. Et ses cravates.
2- Jacques Martin
Juste pour être bien certain que nous nous étions bien compris.
3- Une fiche de 2-1-1
Depuis dimanche, dès qu’un chrétien tente de convaincre un autre chrétien (y a beaucoup de chrétiens à Montréal) que le CH a des chances de causer une surprise en première ronde, il lui sort la fiche «gagnante» du Canadien contre les Capitals cette année : 2-1-1 (2 victoires, une défaite et une défaite en surtemps). Vous savez ce qui est drôle avec les fiches de 2-1-1? C’est que l’adversaire se retrouve aussi avec une fiche de 2-1-1. C’est con, hein?
Ça me fait penser à l’histoire du verre à moitié plein et du verre à moitié vide, les optimistes diront que le CH a eu le dessus sur Washington, les pessimistes diront que c’est le contraire. Mais si j’étais nous, je ne me fierais pas trop à la fiche du CH contre les Caps avant de faire des prédictions pour nos pools des séries.
4- Le USS Hal Gill et la marine canadienne
Avec le USS Hal Gill en tête, nous avons certainement la flotte de défenseurs la plus lente des séries et peut-être de toute la ligue. Je me souviens au printemps passé, alors que Pittsburgh était en finale, à chaque fois que le USS Hal Gill était sur la glace, je devenais subitement nerveux. Et je ne suis même pas fan des Penguins. Bon Dieu qu’il est lent! Il en est même comiquement lent.
Le pire c’est que si Hamrlik et Spacek ne sont pas des porte-avions comme le USS Hal Gill, il n’en demeure pas moins que les vieux Tchèques ne sont pas des vedettes lance-torpilles pour autant. J’ai bel et bien l’impression que la série pourrait rapidement prendre des allures de Pearl Harbor lorsque les flying Capitals vont se mettre à piquer vers la marine canadienne. Ça fait peur.
Inutile de vous dire à quel point j’ai hâte que l’ère P.K. Subban débute à Montréal.
5- Théo
José Théodore (on va laisser tomber le «ée» si vous voulez bien, histoire ne pas trop le piquer au vif), est peut-être le meilleur gardien de l’histoire des premières rondes. Ça vous parait tiré par les cheveux (renforcés au Propecia)? OK, nommez-moi un autre gardien qui a causé autant d’up-set que Théo en première ronde. Par trois fois déjà, il a éliminé une équipe largement supérieure en première ronde (Boston en 2002 et en 2004, puis Dallas en 2008), et à chaque fois, il avait été de loin le grand responsable du triomphe. Son problème, c’est passé la première ronde. À chaque fois, la deuxième ronde fut son Waterloo.
Ironie du sort, les deux dernières fois que le Canadien a surpris le monde du hockey en éliminant la meilleure équipe de sa conférence, c’est Théo qui gardait la cage. Cette fois, il est de l’autre bord et il a l’une des meilleures offensives de l’histoire devant lui.
La foule du Centre Bell va certainement tenter de le déconcentrer (Théééééooooo! Théééééooooo!), et peut-être même y parvenir, mais entre vous et moi, ça ne fera pas une grande différence.
6- L’Ours russe
Nous sommes dans une clairière, en forêt, près d’un pont de pierres et de briques. Un jeune gardien Slovaque, les genoux à terre, est encerclé par les joueurs des puissants Capitals de Washington. Autour du Slovaque, se trouvent tous ses coéquipiers massacrés à l’exception d’un autre gardien encore plus jeune; ils sont désormais seuls. L’entraineur Bruce Boudreau s’approche et se penche vers le jeune gardien.
BOUDREAU : Écoute-moi mon jeune ami… Vous n’avez plus d’équipe, vous êtes seul au monde. Je suis prêt à vous laisser la vie sauve à condition que vous nous concédiez la victoire.
HALAK : Sauf votre respect, Monsieur, je refuse.
On entend alors deux coups de bâtons raisonner du fond d’un profond tunnel noir situé sous le pont.
BOUDREAU : Tu entends ça?
HALAK : Oui.
BOUDREAU : C’est le capitaine Alexander Ovechkin. Tu le connais sûrement par son surnom : L’Ours russe.
On entend à nouveau deux coups émerger de l’obscurité. Pooow… Pooow… Ceux-ci figent le plus jeune des deux gardiens comme s’ils étaient des coups de tonnerre.
HALAK : J’ai entendu parler de l’Ours russe…
BOUDREAU : Que sais-tu exactement?
HALAK : Il frappe les gardiens de but avec une crosse.
BOUDREAU : En fait, il leur fait éclater la tête avec un bâton de hockey, voilà ce qu’il fait. Jaroslav, je te le demande une dernière fois. Si tu refuses encore avec respect, j’appelle l’Ours russe. Il prendra alors son long bâton de hockey et t’arrachera la tête avec.
HALAK : Fuck you!
Ravi, l’entraineur se relève aussitôt.
BOUDREAU : En fait, je suis content de t’entendre dire ça! Regarder Ovie massacrer des gardiens, c’est ce qui se rapproche le plus du hockey comme dans le temps d’Eddie Shore. (Vers le tunnel) Oviiiiie, on a un gardien ici qui veut mourir pour son équipe. Fais-lui ce plaisir!
La pièce The Surrender de Ennio Morricone commence à jouer.
On entend à nouveau l’écho des coups de bâton sur la brique battre tel un métronome de la mort. Le jeune gardien Slovaque est à genoux devant le tunnel obscur, résigné face à son destin. Jamais il n’a semblé si abandonné. Plus les secondes passent, plus les coups sur la pierre se font nombreux et forts. Pooow… Pooow…
Le plus jeune des deux gardiens sursaute et ferme les yeux à chaque coup de tonnerre. Le Slovaque, de sont côté, demeure stoïque et fixe de ses yeux bleus clairs le gouffre noir qui semble s’ouvrir à l’infini devant lui. Chaque coup qui résonne le rapprochant davantage de sa fin. Pooow… Pooow…
Alors que la pièce de Morricone atteint son paroxysme, émerge enfin du sombre tunnel une immense brute, armée seulement d’un long bâton de hockey. Les autres Capitals se mettent alors à crier leur joie. La brute s’approche tout près du jeune Slovaque et le regarde intensément. Le gardien lève les yeux vers son sort inéluctable.
L’Ours russe installe alors l’extrémité de sa crosse à la hauteur des oreilles du jeune gardien, tel un jouer de golf qui mesure ses distances, puis, d’un seul élan, il lui éclate la tête d’un violent coup. Puis, une fois sa victime à terre, il enchaîne avec de nombreux coups au crâne, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de ce qui constituait jadis la tête du Slovaque. Le tout sous les applaudissements nourris des joueurs et de l’entraîneur des Capitals.
L’autre gardien, terrorisé, se met à pleurer comme un veau. L’entraîneur s’approche de ce dernier.
BOUDREAU : À ton tour maintenant… Alors, tu nous la concèdes cette victoire ou non?
Maxime Paiement
Critique sportif